(Read the english article here)
Nichée dans les hauteurs surplombant Puerto Viejo, sur la côte Caraïbes du Costa Rica, se trouve la Finca Inti, une jungle luxuriante et productive dans laquelle j’ai vécu 2 semaines aux côtés de Tristan, sa femme, leur fille, 3 chiens et 2 chats.
Leçon 1: Observation
Dans la cuisine ouverte, il y a des régimes de bananes suspendus, des ramboutans fraîchement roses et poilus, des noix en forme d’étoile de bois, et des livres sur les plantes, l’alimentation et la spiritualité.
Tristan est un ancien surfeur Bordelais, converti en agriculteur, cueilleur, shaman. Il me raconte comment ils ont acheté ce terrain il y a 12 ans et tout aménagé eux-mêmes. Ils ont d’abord campé pendant 1 an, avant de construire ou de planter quoi que ce soit.
La permaculture est basée sur l’observation du terrain. En campant dans la jungle, ils ont attendu aux côtés du paysage. Ils se sont nourris de cette immersion pour observer la faune, la flore existante, la course du soleil, la qualité du sol. Ils ont fait l’inventaire des ressources en présence.
« Science de l’observation de la nature, la permaculture s’inspire de l’écologie scientifique, des savoir-faire des peuples premiers et des paysans du monde entier » – « Débuter son potager en permaculture » – Nelly Pons, Actes Sud, 2017
Leçon 2: Abondance
Permaculture signifie: « agriculture permanente ».
C’est une forme d’agriculture qui s’appuie sur la spécificité du climat (ici, beaucoup de soleil et très humide). Elle recrée les différentes strates de végétation et mixe les espèces pour permettre une production agricole permanente, résiliente et économe en énergie. Et qui dit permanente, dit abondante!
Zéro pesticide, et surtout pas de monoculture. La nature a horreur de ça.
Cabosses, noix de coco jaune, papaye verte, poignée de sacha inchi, racines de taro, branche d’ombre grande. La nature morte hollando-tropicale spontanée du jour.
Leçon 3: Biodiversité
Au lieu d’épuiser les sols comme le fait l’agriculture de notre système capitaliste, la permaculture enrichit les sols et augmente la biodiversité.
Outre la culture de nourriture pour les humains, ce mode d’action permet de recréer des habitas naturels. Ici les singes, papillons, oiseaux, insectes et mammifères comptent aussi comme résidents.
La bonne nouvelle: il y a assez de fruits et de nourriture pour eux et nous 🙂 Pas la peine de les repousser, puisque le but est de recréer un écosystème qui leur soit aussi favorable qu’à nous.
Venant de l’architecture et de l’urbanisme, la permaculture est une façon enthousiasmante d’imaginer comment faire (re)cohabiter hommes, nourriture, animaux et bien-être.
Leçon 4: Bien-être
Le résultat de ce système: plus de beauté au quotidien autour de soi, plus d’autonomie financière (finies les courses au supermarché, ou alors à très petite dose) et plus de bien-être physiologique.
On récolte directement ce qu’il y a autour de soi pour s’en nourrir. Tout est frais, mûr, ultra-local. Et gratuit.
Fruits, fleurs, herbes, légumes, graines, racines, noix, épices… Tout vient de la jungle dans laquelle nous habitons. C’est un régime de cueillette et de saison. Adieu viande, pain, gluten, café.
Je ne me suis jamais sentie aussi bien, légère, dynamique et sereine.
Leçon bonus! Ce mode d’alimentation est 100% zéro-déchet. On jette les ordures par dessus la terrasse. C’est l’avantage de ne consommer que des produits à emballage biodégradable… Le jardin n’est plus une poubelle, la poubelle devient un jardin fécond!
Contacter Tristan: intitalamanca@hotmail.com
Plus:
> Mon article: « Cuisiner au jardin d’Eden »
> Mon article: « Des papillons pour régénérer la forêt tropicale »