Mon voisin, le volcan Arenal

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Pendant les 6 semaines où j’ai travaillé comme volontaire au Butterfly Conservatory, j’ai vécu dans le petit village d’El Castillo, au sud-ouest du volcan Arenal.

La proximité d’un géant

Les premiers jours ici, je ne vois pas une seule fois le volcan. Il se cache dans la brume ou dans les nuages. Un matin où le ciel se dégage enfin, je découvre sa silhouette majestueuse à l’arrière de notre jardin. Il a la forme conique et parfaite des volcans dans les livres de géographie.

Je gravis, tous les matins et tous les soirs, la route qui mène au Conservatoire. Je souris au volcan en chemin. Il m’offre un spectacle inédit chaque jour. C’est un monument qui magnifie les aléas météorologiques. Tantôt noyé dans les cumulus, enroulé dans les brumes roses, ou paré d’un arc-en-ciel. 

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A chaque fois que je le regarde, je sens sa force ancestrale. Pas étonnant que les volcans aient été des objets de croyance, de culte et de crainte… je me sens bien petite et fragile à ses pieds. Malgré les caprices imprévisibles des volcans, les hommes ont toujours habité auprès d’eux pour profiter de leurs terres naturellement fertiles.

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Il est partout dans l’imagerie locale, signe d’identité et de fierté. Les habitants le vénèrent et le craignent. Les restaurants et les musées le peignent sur leurs murs pour lui rendre hommage. 

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Hot springs

Quand la pluie pénètre le sol autour du volcan, elle rencontre le magma souterrain qui la chauffe et la charge de minéraux. L’eau ressort à flanc de montagne dans des rivières à 40°C. C’est une sensation étrange et extrêmement jouissive que de mêler l’image d’une rivière sauvage supposément glaciale avec celle d’un bain bouillonnant. On trouve ces sources d’eaux chaudes tout autour du volcan, mais la plupart ont été privatisées par des hôtels et des spas. Leur accès est payant (et hors de prix).

Pour accéder gratuitement à la rivière-jacuzzi, il faut se garer sur le parking en face de Tabacon Grand Spa Thermal Resort, se faufiler à pied derrière une barrière peinte en jaune, descendre le chemin de terre qui mène à la rivière, enlever ses chaussures pour traverser sous le pont et remonter le courant.

Le lit de la rivière est creusé de petits bassins et les rochers forment des piscines naturelles. L’eau chaude afflue en continu. On peut flotter ou se laisser masser par les remous puissants. La jungle humide s’embrume de vapeurs de chaleur. Quand la nuit tombe, le ciel devient gris velours. Les cimes des arbres dessinent des motifs à l’encre de chine. L’obscurité de la nuit et la chaleur de la rivière se mêlent aux silhouettes graphiques des arbres et des baigneurs.

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Messe

Nous allons assister à une messe à l’église d’à côté. On nous présente un jeune homme qui parle très bien anglais: il sera notre traducteur officiel. On nous distribue un exemplaire du Nouveau Testament en anglais pour suivre les différents lectures. Notre traducteur a l’appli du Nouveau Testament sur son smartphone, beaucoup plus pratique pour naviguer d’un verset à l’autre.

La messe commence en musique et en chants, ça ressemble plus à un karaoké de province qu’à une cérémonie solennelle. Les gens sont assis ou debouts. Certains se promènent dans l’église en chantant. D’autre parlent tous seuls, les bras ouverts et les mains levées vers le ciel. D’autres dansent. Certains d’agenouillent et prient sur leur chaise, dos à l’autel. D’autres se collent aux murs et murmurent des paroles incompréhensibles.

L’église est une maison sommaire. Un toit en tôle brute et des murs peints en bleu vif. Le sol est en carrelage blanc et les chaises en plastique de jardin. L’autel en plexiglas fumé trône sur une estrade. Derrière, des rideaux bordeaux et dorés sont drapés comme des cocardes. Surplombant le tout, une fresque découpée dans du papier pailleté proclame: « la gloria postrera sera mayor que la primera » (NB: la dernière gloire sera plus grande que la première). Les lettres forment un arche au-dessus de la silhouette verte du volcan, derrière lequel s’étirent les rayons d’un soleil radieux. 

Les témoignages s’enchaînent, entre des lectures de la Bible et des morceaux de latino-pop. On nous demande si nous aimons Jésus. Nous n’avons pas vraiment le choix. Nous répondons: « Si. Mucho! »

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Il est temps de quitter ma vie ici.

Adios Butterfly Conservatory. Adios El Castillo: ton volcan bienveillant, ta route cabossée, ton gymnase qui résonne de cris de supporters et d’enfants, tes maisons en pierre et en linge qui sèche, tes vaches et tes vautours, tes bananiers dans le vent, tes chiens de bord de route, tes « best burritos in town », tes chants de grenouille, et tes montagnes qui fument dans la brume.

 

Plus:

> Mon article sur mon expérience de volontaire au Butterfly Conservatory

> Mon article: « Cuisiner dans le jardin d’Eden »

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