Corcovado National Park, rencontre avec la biodiversité

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PUERTO JIMENEZ. Je me lève au son de la bachata et souris en me brossant les dents. La boulangerie où je dois retrouver mon guide est ouverte aux aurores.

Remplie de délices fraîchement sortis du four, la Panaderia Monar est LE rendez vous de tous les touristes et trekeurs qui vont explorer le Parc National de Corcovado: la plus grande réserve naturelle du Costa Rica abritant une biodiversité exceptionnelle. 

Créé en 1975, cette immense zone naturelle regroupe 13 écosystèmes : forêts tropicales, jungle, mangrove, plages et fonds marins. Véritable zoo à ciel ouvert, on y recense 140 espèces animales et 370 types d’oiseaux, dont 16 espèces différentes de colibris et la plus grande population de perroquets Arras d’Amérique Centrale.

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Je retrouve Melvin, qui sera mon guide pour les 2 prochains jours. Originaire de la région et guide de père en fils, il a travaillé longtemps pour une compagnie organisant des treks dans le parc. Il est maintenant à son compte et emmène des groupes qui le contactent directement (spoiler alert: son contact Whatssap est à la fin de cet article). Personne n’est autorisé à marcher ou camper dans le parc sans guide agréé. Il faut donc réserver en avance auprès de tours opérateurs ou de guides privés.

Melvin prend habituellement un minimum de 2 personnes, mais l’amie qui devait m’accompagner ayant décommandé la veille, il accepte gracieusement de maintenir notre expédition. J’aurais donc droit à une visite privée du parc 🙂

J’ai mis de l’argent de côté pour cette dernière étape de mon voyage. Il faut en effet compter au minimum 250$ par personne pour un trek de 2 jours et 1 nuit sur place. La saison sèche allant de Décembre à Avril, est recommandée pour visiter (et échapper aux trombes tropicales). Nous sommes mi-Mai, la saison des pluies a déjà commencé. Je me réjouis de voir le ciel bleu et la mer turquoise déjouer les prévisions météo maussades de la veille. Mes prières ont été exaucées… Gracias gracias por tanto Costa Rica, merci pour l’accueil incroyable que tu m’as réservé depuis mon arrivée.

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Le sac à dos plein d’eau, de nourriture et d’affaires de rechange, nous montons dans un taxi 4×4 pour rejoindre Carate, l’entrée sud du parc située à 1h30 de Puerto Jimenez. Nous roulons au milieu des champs tropicaux, des vaches et de veaux suivis par des hordes de blanches aigrettes. Le soleil émerge des nuages nappés au-dessus de la baie irisée du golf. Des papillons Blue Morpho nous précédent sur la route en terre partiellement inondée par des rivières sauvages. 

CARATE. Le taxi nous dépose sur la plage. C’est ici que nous allons entamer notre trek de 21 km, soit 7 heures de marche pour rejoindre la station Sirena où nous dormirons ce soir. Je regarde Melvin discuter gaiment avec les gardiens de l’entrée du parc. Boire des cafés avec des potes, marcher sur des plages paradisiaques et fouiller la jungle à la recherche d’animaux exotiques, il y a pire comme métier dans la vie ! Nous avançons sur la plage de Madrigal, dans le ciel des couples de Scarlett macaws nous accueillent de leurs couleurs majestueuses. On aperçoit un groupe en plein festin d’amandes.

J’apprends au passage que quand ces perroquets trouvent leur âme soeur, ils ne se quittent plus jamais. Ils passent tout le reste de leur vie ensemble. 

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Le paysage défile, je suis dans Planet Earth, de l’autre côté de l’écran. Le long de la plage, les amandiers tropicaux se mêlent aux cocotiers et les figuiers étrangleurs s’enroulent à leurs proies végétales comme des boas. Les crabes Halloween sont vêtus de carapaces rouge noires et violettes. Les spider monkeys sont de petits acrobates au ventre rebondi. Melvin me pointe un paresseux blotti dans les lianes, ses poils en dreads le camouflant parfaitement.

On passe devant un petit singe Capuchin qui nous regarde passer sans broncher la tête posée sur une branche. Plus tard, nous croisons un bébé toucan Chestnut-Mandibled. Il est tellement petit que son bec parait dix fois trop grand. Je suis tellement impressionné qu’il réussisse à tenir en équilibre vu le poids que cela doit représenter pour son corps. Sa maman au maquillage parfait est deux branches plus loin. Ils discutent ensemble, et Melvin se joint à eux en sifflant à coups secs. Ils lui répondent. Melvin parle aux oiseaux.  

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Dans les fourrés, nous entendons, sans les voir, une horde de petits sangliers gris. Melvin les reconnaît au bruit et surtout à l’odeur. Je les imagine gambadant férocement dans ces sous-bois de jungle. Les singes écureuils (« titis ») ont des têtes et des corps minuscules. Melvin me montre une grenouille Poison Dart qu’il n’a encore jamais vu lui-même. Elle est noire. Des bandes oranges dorées barrent son dos, ses pattes sont vertes tachetées. Je la trouve très élégante. 

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En remontant dans la jungle le long de la plage, je tombe nez à nez avec un fourmilier et ses grosses pattes ballotes.

Le nez dans le chemin, il me marche presque sur les chaussures avant de se rendre compte de ma présence. Il se carapate alors précipitamment dans les buissons et disparait. J’aperçois un second fourmilier qui escalade le long tronc incliné d’un cocotier. Cette fois c’est moi qui le repère avant Melvin, je ne suis pas peu fière. 

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Au pied d’un arbre, Melvin remarque de l’agitation. Trois tayras montent et descendent le long d’un tronc d’arbre avec leurs corps longs comme des furets. Nous apercevons ensuite deux agoutis, des petits rongeurs au pelage doré, et une toute jeune biche.

L’animal le plus recherché à Corcovado, après le jaguar, c’est le tapir.

Nous arrivons près d’une plage et Melvin me tape sur l’épaule. Blottis sous des branchages, deux tapirs dorment paisiblement. Je sursaute d’excitation et manque de crier de joie. Je contemple longtemps leur gros museau soyeux posé sur le sable et leurs oreilles bruisser au rythme du vent. Il parait que les tapirs ne voient pas très bien, ils s’orientent à l’ouïe et à l’odorat. Je suis toute amadouée.

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Une dernière épreuve nous attend avant de rejoindre la station. Nous devons traverser à pied le rio Claro, qui n’est d’ailleurs pas clair du tout… Melvin m’informe que les crocodiles et les requins l’empruntent pour rejoindre l’océan dans lequel cette rivière se jette. Les rayons du soleil de fin d’après-midi éclairent le fleuve boueux. Quand il propose gentiment de me prêter ses crocs en plastique je ne dis pas non. Lui en caleçon, moi en culotte, nous accrochons nos chaussures à nos sacs à dos, et nous voilà avançant dans la rivière, de l’eau jusqu’au ventre et nos sacs à dos sur la tête. Ce n’est pas tout à fait le chapeau d’Indiana Jones, mais c’est tout à fait la sensation !

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SIRENA. Nous arrivons à la station et posons nos affaires : mission accomplie, 20km parcourus, 11 espèces de mammifères différents et une rivière traversée ! On m’indique le lit superposé que j’occuperai pour la nuit dans un des grands dortoirs ouverts sur la jungle. Tous les lits sont entourés de moustiquaires immaculées qui les font étrangement ressembler à des cocons d’insectes. 

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Le diner est copieux et délicieux, en plus d’être très convivial. Je suis assise à la table des guides et je savoure leurs blagues. Après 6 mois ici, j’ai clairement beaucoup amélioré mon espagnol, une autre bonne raison de voyager toute seule.

On n’a pas vu de pumas ni de jaguars, mais je sais que EUX ils nous ont vus 🙂

Au petit matin, après avoir englouti un gallo pinto, nous partons explorer les alentours de la station. Un arc-en-ciel nous salue sur la rivière. La brume s’estompe lentement sur la jungle miroitée. Des épaves de bois flottés jonchent la plage. C’est l’heure parfaite pour voir les oiseaux : des tinamous touffus couleur boue, des spoonbills somptueusement drapés de rose, un oyster catcher au bec rouge vif, des curassows inoffensifs qui font résonner la foret de leur souffle effrayant, des hordes de minis perroquets vert brillant, les martins-pêcheurs minuscules aux aguets sur leur branche, des potoos rois du camouflage déguisés en bois mort. 

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Je quitte Corcovado dans un petit bateau à moteur. Je regarde s’éloigner la côte verdoyante, les hectares de jungle vierge et inexplorée et les kilomètres de plages noires longées de paisibles palmiers. Le bateau slalome habilement entre les vagues et les rochers. Ce soir je dormirai à Drake Bay et ce sera mon dernier soir au Costa Rica. 

 

Quel parcours, quel guide?

Parcours – Pour rester dans un budget abordable, prendre l’option 2 jours / 1 nuit.

Le parcours classique démarre à Carate par un trek de 21 km pour rejoindre la station Sirena où dormir. Le lendemain est réservé à explorer les alentours de la station. On peut quitter la station par la mer et rejoindre Drake Bay plus au nord (comme je l’ai fait) ou Carate, le point de départ.

Frais pour un trek de 2 jours & 1 nuit = 250$

  • Taxi Puerto Jimenez-Carate : 15$
  • Station Sirena = 85$ (1 nuit, 2 repas) : soit 30$/nuit/personne + 30$/ personne pour le diner et 25$/ personne pour le petit-déjeuner (nb: il est totalement interdit d’amener sa propre nourriture sur place, mais la cuisine sur place est excellente et très copieuse !)
  • Entrée du parc = 30$ : soit 15$/jour pour 2 jours
  • Salaire du guide = 120$ : soit 60$/jour pour 2 jours
  • (Option : bateau pour rejoindre Drake Bay = 25$)

Guide – Après avoir comparé de nombreux devis auprès de tours opérateurs et contacté plusieurs guides privés, je suis convaincue que Melvin est le meilleur guide que vous puissiez trouver pour cette aventure. Costa Ricain recommandé par les locaux, il est guide de père en fils. Il connait tous les animaux du parc et leurs habitudes. Et il est d’une gentillesse incroyablement sincère et lumineuse. 

Contacter Melvin sur Whatsapp : + 506 – 8425 – 5736 ❤ 

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Règles de visite du Parc National de Corcovado

Les animaux emblématiques du Parc de Corcovado

-Mon article: « La randonnée du Cerro Chato »

-Mon article: « Cohabiter avec les animaux »

-Mon article: « Humboldt – L’invention de la nature »

-Mon article: « Manifeste »

 

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